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girart de roussillon

mez-vous, chevaliers ; nous allons livrer assaut à Roussillon. Nous donnerons à Charles des nouvelles de Girart, et je pense lui faire telle chose dont il aura lieu de s’affliger. » Ils n’étaient pas plus de cent ceux qui allèrent s’apprêter ; ils sortent par une petite porte.

79. Gilbert guida les siens par une vallée ; ils n’étaient pas plus de cent cavaliers. Ils vont livrer assaut à Roussillon. Gilbert frappe de sa lance à la grande porte, et appelle Charles traître et mauvais, envieux et déloyal. Charles fut rempli de colère, toutefois il s’écria à haute voix : « Armez-vous, chevaliers ! » Lui-même, tout le premier, saute sur son cheval, prend son écu et sa lance, sans vouloir rien de plus[1]. Ils sortent ensemble par la porte ; ils n’étaient que dix mille royaux. Le roi galoppait en avant, criant : « Gilbert ! Que sert de fuir ? » Charles le frappa, mais sans l’atteindre grièvement. Girart cependant vient par la rive de la Seine ; ils sont vingt-cinq mille qui se jettent sur les traces du roi et l’atteignent sous Belfau[2]. Là furent frappés tant de coups mortels, que le roi éprouva un échec comme il n’en avait jamais éprouvé.

80. Sous Belfau ils les[3] atteignent, en une plaine. Là Girart et ses hommes poussèrent leur cri. Au premier engagement il n’y eut lance qui ne fût brisée. Le comte leur montrera de quoi il est capable. À l’épée les deux partis se poussent vigoureusement. Le roi vit sa perte, qui fut si grande ; il cria aux siens : « Cessons la lutte. Gilbert nous a pris en traître ! » Et il se mit en retraite près d’un marais. Mais Gilbert tourna sur lui près de la montagne et courut l’attaquer dans la plaine.

81. Fouque vint, le premier, par une petite plaine, sur un cheval rapide, à la crinière fauve, le visage coloré par l’ar-

  1. Probablement sans prendre le temps de revêtir le haubert.
  2. Lieu que je ne puis déterminer.
  3. Le roi et les siens.