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introduction

33). Vient enfin le récit des derniers moments de Girart, de la translation de son corps à Pothières, et des miracles opérés à son tombeau (pp. 247-76) ; vie, §§ 167-221, 234-256)[1].

En somme, l’auteur du roman n’a pas voulu faire une œuvre d’imagination. Il a voulu mettre à la portée de ses contemporains une histoire sur l’authenticité de laquelle il ne concevait aucun doute, et qui lui paraissait de nature à intéresser à un haut degré les seigneurs bourguignons de qui il attendait la rémunération de son travail. Cette histoire se présentait à lui sous deux formes : un récit hagiographique en latin, une chanson de geste qui, par son ancienneté relative, par l’idiome même dans lequel on l’avait rédigée, n’était plus facilement intelligible pour des lecteurs de son temps. Entre ces deux documents, il a choisi comme le guide le plus certain, la vie latine. Toutefois, il est visible qu’il n’a pu se résigner à suivre son guide aveuglément. Il a été choqué du désordre avec lequel cette mauvaise composition a été rédigée. Il lui a semblé naturel de placer tout au commencement les détails sur le mont Laçois, qui, dans la vie, interviennent mal à propos au milieu du récit. Il a jugé, non sans raison, qu’entre les trois guerres de la vie latine celle qui terminait le plus naturellement la longue inimitié du roi et de Girart était la seconde, celle où le roi est contraint, par l’intervention divine, de faire la paix. D’aussi importantes modifications au plan du récit original en ont entraîné d’autres. Et, comme notre romancier ne trouvait

  1. Notons que le roman contient (pp. 275-6) la vision du reclus qui, du vivant de Girart et de Berte, avait vu dans le paradis les deux lits réservés à ces deux saints personnages. Ce miracle ne se trouve pas dans notre texte de la vie latine, mais il a été conservé par l’ancienne traduction de cette vie (§§ 250-6).