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vii. — le roman en alexandrins

dieux discours (pp. 57-8), à user de modération et à envoyer au roi un messager chargé de propositions de paix. Girart, après avoir consulté ses barons, députe au roi son neveu Fouque (p. 63), qui reçoit le plus mauvais accueil. Il y a là certainement une imitation lointaine de la chanson, §§ 100 et suivants. L’imitation est plus sensible dans le passage (pp. 68-9) où le roi fait l’éloge de Fouque qui vient de s’éloigner, non sans danger, de sa cour ; cf. la chanson, § 321[1]. La guerre continue, mais Girart ne trouve où se réfugier, car le roi lui a enlevé tous ses châteaux (p. 72 ; cf. la chanson, § 404). Il s’arrête un instant à Gaillardon, puis en un lieu où il construit un château qu’il appelle Poligni (p. 73), tandis que Charles construit, sur une hauteur voisine Château-Challon. Ce sont là des inventions bourguignonnes dont il n’y a trace ni dans la vie latine ni dans la chanson[2]. Gi-

  1. Voici, par exemple, des vers qui sont presque traduits de la chanson :

    Il est saiges, courtois, biaux parliers, debonaires,
    Humbles, doulz et piteux, segurs en tous affaires,
    Il aime sainte Eglise, Dieu sert, povres gens garde...
    Il aime paix sur touz, je le vous jure par m’arme...
    Bien sai qu’il est dolans de ce qu’avons a faire
    Entre moi et Girart..........
    Par mon Dieu, mieux voudroie li du tout resambler
    Que cinc reals povoir ou le mien assambler.

    (Pp. 69-70.)

    Cf. ces vers de la chanson :

    Anz es proz e cortes e affaitatz.
    E frans e debonaire, ben enparlaz...
    Durement ama Deu e Trinitaz...
    E si het mout la guerre, s’aime la paz...
    E saichaz d’iste guerre mout li desplaz.
    E s’en es ab Girart souvent mesclaz...
    Melz vougre estre Folque si enteichaz,
    Qe de catre reiaumes sires clamaz.

  2. Nous les avons déjà rencontrées dans des chroniques d’une date