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introduction

pas ici la femme de Philippe le Long, mais son homonyme, la femme de Philippe de Valois. La date de l’ouvrage doit être resserrée entre l’année 1330, où Eudes IV devint comte de Bourgogne et d’Artois, et l’année 1334, où mourut Robert, comte de Tonnerre. Jeanne, Eudes et Robert étaient frères et sœur.

L’auteur ne s’est point nommé, et on ne possède jusqu’à présent aucun moyen de découvrir son nom. Ce qu’on peut assurer, c’est qu’il était bourguignon. L’appel qu’il adresse aux personnages bourguignons mentionnés ci-dessus, la connaissance qu’il déploie de la géographie de la Bourgogne, l’introduction dans son récit de nombreux personnages du même pays, l’usage fréquent chez lui d’invoquer des saints bourguignons[1], enfin certaines particularités de son langage, portent témoignage de son origine. C’était, quoi qu’ait pu dire son éditeur, un versificateur médiocre, dépourvu à la fois d’originalité et de sentiment poétique. Chez lui, l’érudition tient lieu d’imagination. Il s’applique à suivre ses autorités, que nous déterminerons tout à l’heure, et confesse avec modestie, que le voulût-il, il ne saurait s’en départir « pour sa très grant rudesse » (p. 151). Il avait certainement beaucoup de lecture pour un homme de son temps. C’est en toute sincérité qu’il a pu dire :

J’ai leü en mains livres, en romant, en latin,
Mains jours y ai musé le soir et le matin ;
J’ai leü les croniques de Challe, de Rolant,
De Ferragu le dur[2], d’Iamont et d’Agolant[3],

  1. « Saint Anthone, le saint aux Bourguoignons », p. 31 ; « Saint Gengou », p. 36, etc.
  2. Il fait sans doute ici allusion à la chronique de Turpin.
  3. C’est la chanson d’Aspremont.