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cviii
introduction

est vrai, dans un texte fort interpolé du roman d’Alexandre dont le manuscrit a été certainement exécuté à Venise ou en Vénétie, comme le prouve évidemment le style des miniatures dont il est orné. Dans une des parties interpolées de ce ms. on lit ceci :

Li amiral se sist desor un bel peiron,
Et un suen almansor et li rei environ.
Desoz l’ombra d’un pin qui lor flairoit bon
Se sist Nabusardans sire de Saint Margon,
E s’i estoit Falez fils lo rei Fareon,
Li dus de Pincenie qui bien sembla baron
Et li princes d’Alquei qui a bele raison,
Enqui cante un juglar, Amaristot ot non,
A son col sa viele, en sa main son arçon.
Del tens ancienor lor dist une chançon
E de la grant bataille qui fu en Val Beton,
De .vj. reis d’une part contre un fol fellon (sic) :
Ce fu reis Arioz fil lo rei Egeon,
Quant il les ot vencuz, s’en torne en son reon...[1].

Bien que le manuscrit soit indubitablement d’une écriture italienne, j’hésiterais à affirmer que ces vers, d’une facture très médiocre, mais toutefois correcte, soient l’œuvre d’un Italien. Mais ils peuvent avoir été composés dans le nord de l’Italie par un des nombreux jongleurs français qui venaient y gagner leur vie. Quoi qu’il en soit, l’idée d’une bataille livrée « en Valbeton » , ne peut guère être venue qu’à un homme à qui la chanson de Girart de Roussillon était familière.

Pour terminer, je rappelle que plus haut, p. xcviii, on a eu la preuve que l’auteur de Gaufrei connaissait notre poème.

  1. Museo civico, n° 66, fol. 81 v°.