Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ciii
vi. — témoignages divers

un nouveau remaniement, exécuté dans la France septentrionale, de notre chanson renouvelée.


Témoignages provençaux. — On verra plus loin que la chanson renouvelée a été écrite ou récrite dans une langue intermédiaire entre le français et le provençal. On conçoit, dès lors, que des copistes ont pu être tentés, selon leur origine, soit de franciser, soit de provençaliser un texte qui se présentait à eux sous une forme assez peu ordinaire. Et c’est ce qui est arrivé. L’un des manuscrits de Girart de Roussillon, celui de la Bibliothèque nationale de Paris, nous offre le poème sous une forme à peu près complètement provençale, ou, plus exactement, perigourdine. Girart de Roussillon ne paraît cependant pas avoir été très répandu dans le Midi de la France. Deux textes, maintes fois cités depuis Raynouard[1], sont les seuls témoignages qu’on ait découverts sur Girart dans toute la littérature provençale. Dans l’un, Guiraut de Cabrera reproche à son jongleur Cabra de ne rien savoir de « Girart de Rossillon » [2] ; dans l’autre, on voit Charles Martel et Girart de Roussillon contés au nombre de ceux qui ont causé les plus grandes tueries humaines :

Anc Carles Martel ni Girartz
Ni Marsilis ni Aigolans
Nil reis Gormons ni Ysembartz

  1. Choix des poésies originales des troubadours, II, 285.
  2. Bartsch, Denkmæler d. prov. Literatur, p. 90. J’ai donné dans la préface de Daurel et Beton (Société des Anciens Textes français, 1880), p. 1, note, les motifs qui me portent à croire, contrairement à l’opinion admise jusque-là, que ce Guiraut de Cabrera n’est pas antérieur au xiiie siècle.