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introduction

Quoiqu’il en soit de cette hypothèse, il est de toute façon à peu près certain que l’épisode où Charlemagne était représenté fuyant jusqu’à Paris, avec Girart et Doon à ses trousses, doit avoir été imité de l’ancienne chanson de Girart de Roussillon.

Il me semble reconnaître d’autres traces d’imitation dans la Mort Beuve d’Aigremont. Non seulement on y voit figurer Girart de Roussillon, qui vient, de même que Doon de Nanteuil et Aimon de Dordon, secourir son frère Beuve contre Charles, et joue dans la lutte un rôle assez important ; mais, parmi les guerriers qu’amène Girart, il en est trois qui ont certainement été empruntés au poème de Girart de Roussillon[1], à savoir Fouque[2], Coine[3], neveux de Girart, et Amadeus[4], qui est le marquis Ama-

    Renaut le fix Aymon et Doon le barbé.
    Ichil me desconfirent desous Nantueil es prés.

    Et, p. 58, un baron dit à Gui de Nanteuil qui est le petit-fils de Doon :

    « En la moie foi, sire, » dist li quens de Chalon,
    « Ains que Kalles eüst poil flouri ne guernon,
    « Le desconfist Girart, le ber, de Roussillon :
    « Es prés desous Nanteuil fist il la livreson ;
    « Vostre ael (Doon) l’encaucha, bessié le confanon
    « .III. lieuez moult plenierez, a coste d’esperon.
    « Moult grand avoir en orent tous .ij. de raenchon. »

  1. Je ne puis distinguer si, dans le cas présent, l’emprunt a été fait à l’ancienne ou à la nouvelle chanson : le fait est que les trois personnages en question figurent dans la nouvelle chanson, ce qui n’empêche nullement qu’ils aient pu figurer dans l’ancienne, d’autant plus que ce sont de hauts barons.
  2. Éd. Michelant, p. 36, v. 9 : Et les neveus Girart, Foucon et Enguerrant. Dans le poème tel qu’il nous est parvenu, Girart n’a pas de neveu du nom d’Enguerrant.
  3. Ibid., p. 33, v. 36-7. Toutefois, dans notre chanson de Girart de Roussillon, Coine (voir la table) est simplement allié de Girart.
  4. Ibid., p. 36, v. 10 ; p. 37, v. 37.