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v. — girart dans l’épopée française

pouvait se croire sous la protection de Charlemagne, il ajoute :

Girars le[1] guerroia, li dus de Rosillon,
Et dans Do de Nantueil par fiere contençon,
Kar il estoient frere, que de fi le set on.
Il desconfirent Karle, lui et ses compaignons ;
S’en estora[2] Saint Pere de Cluigni le baron,
Et puis la Charité et Vezelai selonc,
Saint Beneoit sor Loire, la ou li moine sont.

(Éd. Michelant, p. 156.)

Ainsi le même événement, c’est-à-dire une guerre faite par Doon et Girart à Charlemagne à la suite du meurtre de Beuve d’Aigremont, est d’abord annoncé, puis rappelé comme accompli, et cependant n’est conté dans aucun des poèmes de l’épopée carolingienne qui nous sont parvenus. La seule explication que je trouve à cette singularité consiste à supposer que la Mort Beuve d’Aigremont nous est parvenue sous une forme remaniée et abrégée[3], et que, dans une rédaction plus ancienne, on voyait, conformément aux témoignages ci-dessus rapportés, Girart et Doon venger la mort de leur frère en infligeant à Charles une défaite[4].

  1. Le c’est Charlemagne.
  2. Il s’agit de Girart.
  3. Il serait plus juste de dire « sous deux formes remaniées et abrégées », car, outre la rédaction publiée par M. Michelant, il en existe une autre plus courte qui se rencontre en plusieurs mss.
  4. Je présume que c’est à la même guerre que se rapportent certaines allusions de Gui de Nanteuil. P. 22 de l’édition de ce poème, Charlemagne s’exprime ainsi :

    Maintez hontes m’a faites li richez parentés :
    Girart de Roussillon me guerroia assés ;