Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/107

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
lxxxix
v. — girart dans l’épopée française

d’empressement que certains mettent à les distribuer entre leurs hommes. Notre chanson nous offre divers exemples des traits d’immoralité, pour parler le langage de notre temps, que je viens d’indiquer en termes généraux. L’un des plus puissants alliés de Girart, Fouchier, pénètre la nuit dans le palais du roi et fait main basse sur les richesses qu’il y trouve (§ 216). À ce moment, la guerre n’est pas encore définitivement déclarée entre Charles et Girart. Il est d’ailleurs coutumier de tels faits, mais sa considération n’en est pas sensiblement diminuée : on lui sait gré d’épargner les pauvres gens, et d’exercer ses aptitudes sur les seigneurs renommés par leur avarice (§ 127). C’est par la corruption que, dans la dernière partie du poème, la reine parvient à trouver, à la cour même du roi, des alliés pour Girart (§ 560). Oudin, fait prisonnier dans une guerre qu’il a entreprise avec la connivence du roi, est obligé de donner de l’argent à celui-ci pour l’intéresser à son sort (§§ 602-605).

CHAPITRE V

GIRART DE ROUSSILLON DANS L’ÉPOPÉE FRANÇAISE

La chanson de Girart de Roussillon, aussi bien dans sa seconde forme que dans la première, est totalement indépendante de cet ensemble de chansons de geste composées au nord de la Loire, du xie au xiiie siècle, qui constituent l’épopée française. Elle s’en rapproche