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Développement de la philosophie mécanique

devenir le second élément. Enfin, les pièces les plus grossières, les éclats les plus massifs des angles rompus, lui ont donné une matière irrégulière dont il va faire son troisième élément. Ces trois éléments confondus, dit Descartes, ne tarderont pas à se séparer. Le troisième, plus massif, doit s’éloigner le plus du centre de son mouvement pour devenir la matière des corps opaques ; le premier, plus délié, doit se ranger autour du centre pour y former un soleil, enfin, le second élément, supérieur en masse au premier et inférieur au troisième, a dû se trouver au milieu pour nous donner le spectacle de la lumière. Telle est l’idée de Descartes[1]. » Cette grandiose hypothèse, dont nous n’avons à exposer ni les détails, ni les vicissitudes, était destinée à projeter sa clarté sur l’ensemble du système du monde ; elle expliquait aussi bien les phénomènes astronomiques que les phénomènes terrestres, la formation des métaux ou des minéraux, que celle des êtres vivants. Cette hypothèse, d’ailleurs, était-elle une conséquence nécessaire de cette affirmation primordiale que la notion de matière est confondue avec la notion d’étendue ? Il ne semble pas et Descartes, ne pouvant la déduire des évidences qu’il avait posées, l’a présentée comme une fiction vraisemblable, avant de déclarer hautement qu’elle lui semblait s’imposer

  1. Paulian, Dict. de physique, art. Tourbillon, v. 3, pag. 321. Avignon, 1764.