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sement fatal, si ce n’est en lui-même du moins dans sa descendance, celui qui retournera vraiment à la grossièreté de brute où il croyait le père plongé, celui pour qui il n’y aura plus de place dans le monde fertilisé et florissant, ce sera Cham, le stérile et stupide rieur.

Mais la critique, en se mettant au service de l’histoire, n’a pas atteint du coup à ce but très élevé : apprendre aux hommes à voir dans tout l’œuvre de l’art et de la littérature à travers les siècles un aspect particulier de l’évolution humaine, d’où le respect de tout ce qui contribue à cet œuvre, le respect des forces, quelles qu’elles soient, qui lui servent d’agents, le respect de tout ce qui a fait de Rabelais Rabelais, de Cervantès Cervantès, de Michel-Ange Michel-Ange, le respect de tous les éléments, sucre ou vitriol, qui entrent dans ces merveilleuses combinaisons. Pour transformer une relation spéculative en une relation vivante, une idée en un sentiment, pour que les travaux de laboratoire de Taine, des critiques, ses auxiliaires, de toute l’école formée par eux aboutissent à créer dans la société entière un courant d’amour allant non plus à des êtres fictifs mais à des personnalités réelles, non plus à des poètes et à des artistes masqués et costumés suivant une convention adoptée, mais aux hommes vrais que furent ces poètes et ces artistes, pour tout cela il fallait que, ces hommes, nous les sen-