Page:Mercure de France - Novembre 1911, Tome 94.djvu/228

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Poète, Albert Fleury publia successivement : Poèmes étranges (1894) ; les Évocations et Paroles vers elle ( 1895) ; Sur la route (1896) ; Impressions grises (1897) ; Pierrot (1898). Ces quatre derniers ouvrages, remaniés et augmentés, furent réunis en un volume portant ce titre : Poèmes {1895-1899). En 1900 parurent Confidences un nouveau recueil. Dans une forme plus ferme et plus épurée par la mélancolie et par la douleur, Albert Fleury avait publié, il y a un an, sous le titre : Des Automnes et des soirs, ses vers les plus nouveaux ; enfin, tout récemment, le 1er  juin dernier, le Mercure de France insérait, de lui, un poème d’inspiration religieuse : Au carrefour de la douleur, dédié au Rév. Père B. et à Francis Jammes. Cette grande soif, cet appétit de Dieu dont un Charles Guérin, un Olivier de La Fayette éprouvèrent, comme lui, le tourment avant de mourir, Albert Fleury les exprima dans ces vers avec une ardeur si vive, un souffle si élevé que beaucoup n’hésitent pas à voir, dans ces pages, l’un des poèmes Contemporains les plus émouvants et les plus beaux. L’œuvre littéraire d’Albert Fleury se complète d’un roman : les Soldats (paru, il y a quelques années, à l’Aurore) et d’un recueil de critiques très lucides et très fermes : les Idées dramatiques.

Le poète exprimait lui-même, il y a quelques mois à peine, dans sa revue Tablettes, comment la maladie, « soudain, d’un seul coup, l’avait abattu pantelant parmi du vent et des brouillards, en Bretagne », à la Roche-Bernard, pays où il s’était retiré. Venu à Pau, chercher, dans un climat plus favorable, le repos et la guérison, Albert Fleury n’avait vu qu’empirer son état. Décédé le 21 octobre il fut ramené à Paris et, le 25, inhumé au Père-Lachaise, en présence des quelques rares et fidèles amis qui avaient, toute sa vie admiré ses efforts et soutenu son talent. —

e. p.


Variantes de Baudelaire.


Provins, 7 octobre 1911.

 Monsieur le Directeur du Mercure de France.

Je dois à mon ami M. Paul Beurdeley, mort il y a quelques années maire du VIIIe arrondissement, un des beaux autographes de la collection que lui avait léguée Achille Ricourt, fondateur et longtemps directeur de l’Artiste. C’est le manuscrit de la pièce À une mendiante rousse, quatre pages de papier écolier tout entières de la main de Baudelaire. Cette pièce parut d’abord non dans l’Artiste, qui eut la primeur de nombreuses Fleurs de Mal, mais avec deux autres de la série des Tableaux Parisiens : Paysage et le Soleil, dans le journal le Présent, 15 nov. 1857 (Ch. Baudelaire, Souvenirs, Correspondance, Bibliographie, un volume sans nom d’auteur, chez René Pincebourde, 1872).

Entre la copie originale et la version définitive, les variantes sont légères. Je les relève cependant à l’intention du Mercure, pour le cas où vous jugeriez, comme moi, que les moindres corrections d’un grand poète ne sont jamais sans intérêt pour ses admirateurs.

Un de vos fidèles et dévoués lecteurs.
émile dodillon.