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que ceux du monde supérieur. Aussi, quand ils manquèrent de nourriture, ils retournèrent à ce qu’une antique habitude avait jusqu’alors empêché. C’est ainsi que je vis une dernière fois le monde de l’année huit cent deux mille sept cent un. Ce peut être l’explication la plus fausse que puisse donner l’esprit humain. C’est de cette façon neanmoins que la chose prit forme pour moi, et telle je vous la donne.

« Après les fatigues, les excitations et les terreurs des jours passés, et en dépit de mon chagrin, ce siège, d’où je contemplai le paysage tranquille baigné d’un chaud soleil, m’offrait un fort agréable repos. J’étais accablé de fatigue et de sommeil, si bien que mes spéculations se transformèrent bientôt en assoupissement. M’en apercevant, j’en pris mon parti, et, m’étendant sur le gazon, j’eus un long et réconfortant sommeil.

« Je m’éveillai un peu avant le coucher du soleil. Je ne craignais plus maintenant d’être surpris par les Morlocks pendant que je dormais, et, me relevant, je descendis la colline du côté du Sphinx Blanc. J’avais mon levier dans une main, tandis que l’autre jouait avec les allumettes, dans ma poche.

« Survint alors la chose la plus inattendue. En approchant du piédestal du Sphinx, je trouvai les panneaux de bronze ouverts. Ils avaient glissé de haut en bas le long de coulisses ; à cette vue, je m’arrêtai court, hésitant à entrer.

« À l’intérieur était une sorte de petite chambre, et, dans un coin surélevé, se trouvait la Machine. J’avais les petits leviers dans ma poche. Ainsi, après toutes mes pénibles préparations d’un