Page:Mercure de France - 1899 - Tome 29.djvu/112

Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus intéressant que ce spectacle d’une antique géologie en décomposition. En continuant mon exploration, je trouvai une autre courte galerie, transversale à la première, qui paraissait être consacrée aux minéraux, et la vue d’un bloc de soufre éveilla dans mon esprit l’idée de poudre, mais je ne pus trouver de salpêtre ; et, de fait, aucun nitrate d’aucune espèce. Sans doute ils étaient dissous depuis des âges. Cependant ce morceau de soufre hanta mon esprit et agita toute une série d’idées. Quant au reste du contenu de la galerie, qui était le mieux conservé de tout ce que je vis, il ne m’intéressait guère — je ne suis pas spécialement minéralogiste — et je me dirigeai vers une aile très en ruines qui était parallèle à la première salle où j’étais entré. Apparemment, cette section avait été consacrée à l’Histoire Naturelle, mais tout ce qu’elle avait renfermé était depuis longtemps méconnaissable. Quelques vestiges racornis et noircis de ce qui avait été autrefois des animaux empaillés ; des momies desséchées en des bocaux qui avaient contenu de l’alcool ; une poussière brune, reste de plantes disparues : et c’était tout ! Je le regrettai fort, car j’aurais été heureux de pouvoir retracer les patients arrangements au moyen desquels la conquête de la nature animée avait été faite. Ensuite nous arrivâmes à une galerie de dimensions simplement colossales, mais singulièrement mal éclairée, et dont le sol, en pente faible, faisait un léger angle avec la galerie que je quittais. Des globes blancs pendaient, par intervalles, du plafond — la plupart fêlés et brisés — suggérant un éclairage artificiel ancien. Ici, j’étais plus dans mon élément, car, de chaque côté, s’élevaient les masses énormes de gigantes-