Page:Mercure de France - 1899 - Tome 29.djvu/111

Cette page a été validée par deux contributeurs.

choses qu’ils contenaient.

« Évidemment, nous étions au milieu des ruines de quelque dernier Musée d’Histoire Naturelle. C’était apparemment ici la Section Paléontologique qui avait renfermé une splendide collection de fossiles, encore que l’inévitable décomposition, qui avait été retardée pour un temps et avait par la destruction des bactéries et des moisissures perdu les quatre-vingt-dix-neuf centièmes de sa force, s’était néanmoins de nouveau remise à l’œuvre, sûrement bien que lentement, pour l’anéantissement de tous ces trésors. Ici et là, je trouvai des traces d’enfants sous forme de rares fossiles en morceaux ou enfilés en chapelets sur des fibres de roseaux. Les étagères, en divers endroits, avaient été entièrement déplacées — par les Morlocks d’après ce que je jugeai. Un grand silence emplissait les salles. La poussière épaisse amortissait nos pas. Weena, qui s’amusait à faire rouler un oursin sur la vitre en pente d’une case, revint précipitamment vers moi, tandis que je regardais tout à l’entour, me prit très tranquillement la main et resta auprès de moi.

« Tout d’abord, je fus tellement surpris par cet ancien monument d’un âge intellectuel, que je ne pensai nullement aux possibilités qu’il offrait. Même la préoccupation de la Machine s’éloigna un instant de mon esprit.

« À en juger par ses dimensions, ce Palais de Porcelaine Verte contenait beaucoup plus de choses qu’une Galerie de Paléontologie ; peut-être y avait-il des galeries historiques ; il se pourrait qu’il y eût même une Bibliothèque ! Pour moi, tout au moins dans de telles circonstances, cela eût été beaucoup