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LE JOUJOU PATRIOTISME



Un de ces tomes cartonnés, niaisement abjects, que d’universitaires ou d’ecclésiastiques matassins produisent sans relâche pour la falsification des juvéniles cervelles ; on l’entrouvre et cette image surgit : un vieux militaire, le poitrail illustré de la devanture en toc d’une bijouterie de faubourg, gémit accablé dans son fauteuil, et un gamin, signalant d’un air entendu, avec le bâtonnet de son cerceau, les symboliques oreilles de tatou qui fleurissent la coiffe d’une nourrice alsacienne appendue au mur : « Pleure pas, grand-père, nous la reprendrons ! »

Immédiatement, on pense à cet enfant monté en graine, plus hautement pédonculé que ces choux de Jersey dont on fait des cannes, — à M. Paul Déroulède. Lui aussi fait rouler, mais avec fracas et en tapant dessus avec un vieux sabre ébréché, le cerceau avarié du patriotisme, et se penchant vers la France, qui n’est pas sourde, lui hurle dans le tympan : « Pleure pas, grand’mère, on te la rendra, ta symbolique nounou ! »

Moins gnan-gnan que le vétuste et lacrymatoire retraité, la matrone impatientée finit par répondre : « J’aimerais assez qu’on me confiât d’autres secrets. »

Nous aussi : le désir de renouer à la chaîne départementale les deux anneaux rouillés qu’un heurt un peu violent en a détachés ne nous hante pas jour et nuit. Nous avons d’autres pensées plus