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Mais pour toi, que l’étude & la philoſophie
Nourriſſent dans les bras de la religion ;
Toi ſur qui, loin du faſte & de l’ambition,
La paix a déployé l’aîle de ſon génie,
LaAs-tu, beſoin d’un tel contrepoiſon ?
LaNon, j’ai, mon cher, tiré ton horoſcope,
LaEt tu ſeras du nombre des heureux ;
Un paiſible bonheur ſatisfera tes vœux :
LaLoin des humains, ſans être miſantrope,
Avide de ſcience, & ſavant ſans orgueil,
LaD’un cabinet la retraite tranquille,
Sur l’océan du monde en naufrage fertile,
LaMettra ta nef à l’abri de l’écueil.
À l’État cependant, devenu néceſſaire,
Apôtre reſpecté de la divine loi,
LaTu paroîtras ſous le dais de la chaire,
LaTuCeux du baudrier, de la foi.
C’eſt de là que ton bras armé pour ſa défenſe.
LaTuJoignan au feu de l’éloquence,
LaTuLe flambeau de la vérité,
LaTuDans les ombres de l’ignorance,
D’un jour conſolateur répandra la clarté.
D’L’aigle de Meaux te prêtera ſes aîles ;
Le cigne de Cambray t’enſeignera ces lieux,
Où d’un lac toujours pur les rivages heureux
S’embelliroient pour lui de fleurs toujours nouvelles.
S’eDevant ton Roi, peut-être un jour admis,
Tu lui retraceras l’intéreſſante image.