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31a MERCVRE DE FRANGE— 16-1-1909 études du même auteur sur la Contre-Révolution (1), a écrit une suite de considérations historiques où il y a, dans des proportions plus ou moins égales, à prendre et à laisser. Nous ne nous flattons pas de faire un net départ entre ceci et cela. Disons seulement nos impres­ sions comme elles nous viennent, m éléesd’approbations etderéserves. M. Dimier met en fait que toutes sortes de « préjugés » contraires à l’histoire de France sont issus de la Révolution. Comment cela est arrivé, s ’est développé, la façon dont cela a pris force, a fait le jeu des intérêts, s’est mis dans les bonnes places, c ’est ce qu’on s’applique à nous montrer dans l’introduction de l’ouvrage. Tous les préjugés qui, au dix-neuvième siècle, sc sont élevés contre notre histoire proviennent-ils de la Révolution? M . Dimier, dont l’humeur entière n’épargne personne, en cite certains, dus à des conservateurs, à des royalistes, comme le préjugé contre l ’adminis­ tration de Philippe-le-Bel, comme celui qu’il appelle la « querelle de la Renaissance », suscitée par les tenants du moyen-âge, comme, enfin, le préjugé contre l’absolutisme de Louis XIV . A côlé de ceux- là, quels autres sont dus au pur esprit spéculatif? Quels, au senti­ ment, etc. ? Avant d’arriver aux préjugés de véritable essence révo­ lutionnaire, une assez large élimination est, on le voit, nécessaire. Enfin, les préjugés d’essence révolutionnaire sont-ils ceux qui, entre tous, sont justiciables de la science? La méthode de M. Dimier est tout entière dans la réponse affirmative donnée à cette dernière question. On peut dire, du moins, — car l ’Histoire, chose toute positive, a ceci de bon qu’elle ne facilite guère l’équivoque quant aux motifs que l’on a de donner d’elle telle ou telle interprétation, — on peut dire, du moins, que c’est ici que les préjugés historiques laissent le mieux apercevoir, sinon leur fausseté scientifique, du moins, quoi ? l’inté­ rêt pur et simple,la convenance arbitraire qui les a dictés.ll y a, ici, une raison d’ « utilité » su r laquelle on peut hardiment faire fonds. Dénoncer ces préjugés au nom de la science est admissible, m ais la démonstration peut fort bien, de par les conditions mêmes de la science, n ’être pas complète;les dénoncer comme une pure démarche de l’intérêt est la plus sûre méthode. 11 est impossible de nier que si jamais chose fut pressante, exigeante,tyrannique, ce fut l’intérêt des partis au pouvoir durant le xix8siècle, leur situation, à presque tous, ayant été plus ou moins révolutionnaire. Et il est non moins impos­ sible de contester que le parti républicain, surtout, a connu et connaît ce désavantage d’un intérêt trop pressant. Que son ensei­ gnement de l’Histoire ait été et soit tendancieux à proportion,il suffit de poser la question pour la résoudre, sinon par des raisons scien­ tifiques, du moins par des raisons politiques. (x) Voy. Mercure de France du i5 février 1907.