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APOLLON ET DIONYSOS


APOLLON ET DIONYSOS
LEUR VRAI SENS CHEZ NIETZSCHE




J’ai suivi avec le plus haut intérêt la polémique, qui n’est peut-être point encore close, entre M. Louis Dumur et M. Jules de Gaultier, à propos de Nietzsche. Et c’est, excluant tout point de vue personnel, d’un point de vue aussi strictement nietzschéen que possible que je voudrais considérer ce débat. Quelques mots sur sa généalogie ne seraient pas, je pense, pour nuire à la compréhension de ce qui va suivre.

Dans un travail sur Nietzsche et la culture[1], M. L. Dumur, prenant prétexte des Considérations inactuelles de Nietzsche, s’est en quelque sorte retranché derrière un essai critique pour exposer ses idées personnelles sur la Culture. Nous avons eu l’occasion de voir combien elles sont intéressantes et actuelles, mais nous sommes aussi en droit de reprocher à M. Dumur de n’avoir voulu étudier Nietzsche et ses idées culturelles qu’au travers d’une seule œuvre. Point n’était besoin peut-être de considérer cet article comme une étude sur la philosophie nietzschéenne, les idées personnelles qu’il renfermait suffisant à lui assurer un très haut intérêt ; il faut néanmoins avouer que l’on pouvait être tenté de le faire ; et qu’on l’a fait. Quelque temps après la publication de l’essai de M. Dumur, M. Jules de Gaultier le reprenait et le discutait dans une étude sur le Bovarysme de l’histoire[2]. Prenons le débat dès le commencement et voyons les arguments présentés ; nous retrouverons en cours de route les articles subséquents, le Surhomme contre Nietzsche, de M. Dumur, Nietzsche contre le Surhomme, de M. de Gaultier.

Si l’on peut révoquer en doute la valeur de quelques-uns des arguments présentés par M. Dumur, qui n’a pas dissimulé qu’il exposait des vues personnelles, doit-on considérer que M. J. de Gaultier a toutes qualités pour défendre la pensée de

  1. Mercure de France, 1er  février 1908.
  2. Ibid., 16 avril 1908.