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RÉPONSE A M. NOVICOW RÉPONSE À M. NOVICOW M. Novicow a bien voulu consacrer, dans le Mercure de France, un long et intéressant article à deux livres à ten­ dances opposées: le Pacifisme, de M. Faguet, et le Désarme­ ment ou l’ alliance anglaise, que j’a i publié récemment. Cet article débute ainsi: « M. A . Naquet s’efforce de démontrer qu’il est impossible de résoudre la question sociale aussi long­ temps qu’il existe des patries. Or, comme la solution de la question sociale constitue l’intérêt primordial de l’ espèce hu­ maine, il faut détruire les patries. M. Faguet affirme, au con­ traire, qu’il est impossible de conserver les patries si l’on sup­ prime la guerre. Bien qu’elle empêche le bien-être des masses populaires, on ne doit pas y renoncer, parce que sans elle les patries seront perdues. En un mot, M. Naquet est prêt à sa­ crifier les patries pour extirper la misère, M. Faguet est prêt à maintenir indéfiniment la misère pour sauver les patries. » Et aprèsavoir ajouté que nous nous trompons l ’ un et l’ autre, parce que nous ignorons tous les deux les premiers éléments de la science sociale, il entreprend la réfutation en règle de nos deux thèses. N’ayant pas lu le Pacifisme de M. Faguet, j’ignore si cet auteur a réellement émis les idées qu’ on lui prête. Mais je dois reconnaître — et je n’y ai d’ailleurs aucune peine, ceci étant conforme à ma manière de voir — que, s’il les a émises, après la réfutation qu’ en présente M. Novicow il n’ en reste absolu­ ment rien. Je ne ferai naturellement pas, en ce qui me concerne, la même concession, on le conçoit aisément ; et je prétends même que, loin de ruiner ma conception, l’ article de M. Novicow la compléterait et la confirmerait plutôt. C’ est qu’en effet la première condition pour se comprendre et se jug e r est de bien définir les expressions dont on se sert et de leur attribuer une acception identique. Or, mon savant critique ne comprend pas le mot patrie comme moi. Tombant dans une erreur qu’avait déjà commise Clemen­