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2’/2 MERCVRE DE FRANCE— 16-X1-1908 Plusieurs fois l’abbé Anger rendit à Barbey ses visites. Il se faisait conduire de Saint-Sauveur à Valognes, où Barbey séjour­ nait de longs mois installé dans son logis de l ’hôtel Grandval- Coligny, vieil hôtel du x v m e siècle, où il avait loué un apparte­ ment de trois pièces au rez-de-chaussée donnant sur un ja r ­ din. Une chambre, un cabinet de toilette et un petit salon con­ tenaient les meubles somptueux de Barbey d’Aurevilly. C ’est de ce salon,qui était aussi un cabinet de travail, que sont par­ tis un grand nombre d’ articles publiés par le Constitutionnel, t ’est-à -dire plusieurs volumes des Œ uvres et les hommes. C’ est de là que sont parties les lettres à Léon Bloy publiées par le Mercure de France (1)., lettres bourrées d’inquiétudes et de recommandations multiples, l ’auteur des Diaboliques n ’ayant jamais pu se défaire du tourment de la coquille. II était du reste mauvais correcteur et coutumier d ’innombrables oublis. De tousses amis de Normandie, l’ abbé Anger fut un de ceux qui vinrent le plus souvent à l’hôtel Grandvai. Uq jour, écrit l’abbé Anger, j ’arrivai chez M. d’Aurevilly, ayant dans ma poche les Impressions de Voyage en Hollande. Je connaissais beaucoup la Hollande par les récits de mon père et par les longues conversations des militaires qui avaient fait la con­ quête et y étaient restés sous le roi Louis, père de Napoléon III. Je revenais donc souvent à ces récits de Hugo, qui complétaient par leurs détails locaux tout ce que j ’avais appris dans les veillées de la maison paternelle. En entrant à l’hôtel Grandvai, je sortis le livre de ma poche : — Qu’est-ce que ce livre ? me dit M. d’Aurevilly. • — C’est quelque chose que j ’aime beaucoup, le Voyage de Victor Hugo en Hollande, j ’en suis à la description de Dordrech et de sa cathédrale. — Nous allons le lire, dit le maître. Est>ce long? — Une dizaine de pages. — Très bien, il est dix heures et nous allons avoir lu cela à midi moins un quart. Voici ces pages et les réflexions de Barbey d’Aurevilly : « Victor Hugo suivait le guide et nous arrivâmes à la cathédrale. •C’est une ancienne église catholique du xiv® siècle transformée en temple protestant, nous devrions dire défigurée. (x) Un volume avec portrait, in-12, î oo3 .