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LES DÉBUTS POLITIQUES DE LAMARTINE contre son frère, en 1791, que pour revenir, soi-disant, aux pays d’Ëtats. Le prince de Polignac, en i 83o, avait, lui aussi, un plan d’Etats provinciaux dans son portefeuille. A entendre les ultras, ce système est le seul libéral, apparemment parce qu’ il est un vestige de la féodalité politique. Ils oublient que, dans l ’ancien régime, les pays d’Etats occupaient à peine le quart du territoire ; ils savent seulement, mais à part soi, que rien n’est plus favorable aux tyranneaux locaux, et d’ un autre côté au gouvernement même, qui peut acheter leur soumission à deniers comptants. Ce ne sont peut-être pas ces raisons qui éloignaient du sys­ tème le châtelain de Saint-Point. II avait acquis, dans la diplomatie, un certain sens de la politique. « Refaire de la France, dit-il, si fo r te parce qu’elle est une, une fédération provinciale, faible, boiteuse, disjointe et vacillante, après que le temps et le génie de la civilisation se sont épuisés à faire de ces parties incohérentes une grande et vigoureuse unité nationale, c’ est le vœu. de la folie, ou c’ est le cri du désespoir.» De plus, il avait lu Mirabeau avec soin, et sans doute se sou- venait-il ici de VA ppel à la Nation provençale, où ce grand réa­ liste conseillait d’échanger « contre une constitution homogène, stable et permanente », ces droits locaux «utiles contre le des­ potisme ministériel, mais exécrables contre les nations (1) ». FERNAND CAUSSY. (A suivre.) (1) On sait que nation, dans le français classique, équivaut à peu près à notre mot de province ; la nation bretonnef la nation bourguignonne » etc* Mais ce mot ne s’appliquait qu’aux pays d’Etats, c’est-à -dire aux pays jouissant de certaines libertés. Il s’est étendu à tous les français, dès que, parl’Assemblée Constituante, iis ont obtenu, en fait Ja liberté politique.