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LES DÉBUTS POLITIQUES DE LAMARTINE deste en 1810 comme agent du commissariat de la marine, et on le trouve en 1812 agent-comptable à bord de la frégate la Pénélope, en rade de Toulon. A la Restauration, il se sent doué pour la carrière d’ ultra ; il arrive à Paris, prend le nom de Valcroissanl, écrit à la Quotidienne, dont il devient l’un des propriétaires en 1822 : naturellement, il y sert le ministère, et dans ce rôle s’emploie surtout à tempérer le zèle terroriste de ses rédacteurs. En 1824, il est correspondant du journal à Madrid, mais, en fait, à la disposition de M. de Talaru, ambassadeur de France. A son retour, il se fait l’é­ diteur officieux des Correspondance et écrits p olitiques de Louis X V III. Puis, ayant amassé une petite fortune, il eut la sagesse de se retirer dans son pays. Le poète alla se mettre en personne « sur les hustings », à Dunkerque, au cours d’ un voyage qu’ii faisait en Angleterre. De celte campagne électorale, on ne sait à peu près rien, hormis qu’ elle se fit avec force banquets. Il écrivait cepen­ dant à Aimé Martin : « Mon élection sera le produit d’une alliance entre les royalistes modérés et les libéraux très éle­ vés et à manche large du pays ; le tout, renforcé de trois cents électeurs des campagnes, qui ne veulent pas plus que moi qu’ on abatte la croix de nos églises. » Sur ces « libéraux très élevés et à manche large », on est assez bien renseigné par l’ agrément qu’ il avait fait de Meissonnier pour son grand électeur à Toulon. Son espoir était de voir se former à la Chambre une majorité légitimiste sous des dehors conserva­ teurs ; elle se concentrerait, s’aguerrirait à la politique de résistance sous M. Périer, puis, quand elle serait en force, et le duc de Bordeaux en âge, mettrait Louis-Philippe en demeure d’abdiquer, et rappellerait les Bourbons. Les carlis­ tes, cependant, aimaient mieux se réserver pour on ne sait quelles violences. Cette abstention mettait Lamartine dans une indignation extrême, d’ailleurs concevable chez un candi­ dat : « Séparez-vous du pouvoir, quand il ne vous convient pas, dit-il à son ami Yirieu ; du pays, jam ais. Autrement, le pays s’en souviendra ; il pourra un jour vous regarder comme des vainqueurs, mais plus comme des guides. Or, il ne s’agit pas de vaincre, mais de guider dans un système de liberté. » Voici la profession de foi que le poète adressait :