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REVUE DE LA QUINZAINE 357 monuments de la résurrection littéraire hellénique ? Au fait, depuis quelques années, leur larg e autonomie les avait à peu près délivrés du joug turc. Mais le vrai cœur indomptable de rHellénisme,FEpire et la Macédoine, doivent attendre. La constitution d ’un état grec trop ex igu , en portant atteinte à la séculaire et légitime hégémonie morale de l’élément hellénique dans la péninsule, fut sans doute le point de départ de tous les troubles balkaniques. L ’audace bulgare ne connut plus de bornes et, après un siècle de luttes, les races h osti­ les, à qui l ’initiative grecque montra le chemin de la délivrance, vont retrouver côte à côte le Grec et le Turc alliés. Singulier retour des choses, bien peu fait pour faciliter la tâche de l ’Hellénisme dont la Jeune-Turquie espère bien pouvoir se servir. Son chef, le prince Sabaheddine,est, paraît-il, un philhellène sincère. A défaut d’ autres considérations, l’intérêt bien enteadu de sa patrie devait le porter vers la Grèce ; car, si l’élément grec n ’exerce à Constantinople la suprématie morale, c’en est fait peut-être de l ’E mpireturc en Europe. Et il peut advenir de cette collaboration éventuelle de deux races ennemies que soit restaurée, dans les limites qui lui sont dues, la prépondérance de l’Hellénisme. Mieux vaut le Turc que le Bulgare : telle est la devise d ’Athènes. Reste à savoir quelle réaction va pro­ duire sur les sympathies turco-grecques d ’hier et d’aujourd’hui le geste de la Crète. Mais cela ne saurait entamer les suggestions de l’instinct réciproque de conservation, que les Grecs ottomans aient favorisé ou non le mouvement constitutionnel de la Jeune-Turquie. Si l’on s ’en rapporte à un roman qui fit quelque bruit à Cons- tantinople, il y a quatre ans, et qui met en scène toute l ’action des Jeunes-Turcs en faveur de la liberté, les Arméniens auraient joué dans la préparation de l ’état de choses actuel un rôle décisif. Alertement écrit, quoique la langue employée soit plutôt celle des journaux que celle du peuple, Le Secret du Bosphore semble s’appuyer sur une documentation précise, et l’intérêt qu ’il dégage n’est pas fait pour diminuer l ’estime que l ’on doit au x brillantes qualités dramatiques de M. Dimitracopoulos. A vec L ’Héritacfe, le verbe vigoureux de Varlendis nous remmène vers la Macédoine et l’Epire.U n feu concentré de patriotisme couve sous ce récit âpre. La langue étincelle comme la rosée au flanc des monts, à l ’aube. Et tout cela est tellement vécu, quoique à l’écart de nos lâchetés civilisées ! Emmanuel Roïdis avait raison à. propos de V alaoritis : l’atmosphère qui règne ici n’est pas très classique. Mais avec Pappadiamandis, dont le Monde Hellénique publie Un Rêve su r les Flots suivi de l’Amour dans les Neiges,tra­ duit en français par Jean Dargos, nous nous rapprochons du vieux Lon gu s. Moschoula, la craintive baigneuse, est bien la sœur de Chloé, comme le remarque le traducteur lui-même dans sa judicieuse étude