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3a4 MERCVRE DE FRANCE— 16-xi-1908 bien plus, il y a des divisions au sein même de la société théosophi- que et l’on veut que les religions fraternisent ? Il faudrait d’abord, pour rendre la chose possible, abattre tous les chefs : ce à quoi nul ne consentira sans doute ; il faudrait ensuite se mettre d ’accord sur tous les points, non seulement relativement à l ’dée, mais aussi à sa représentation ou à son symbole. On voit qu’on n’ est pas prêt d’aboutir. Le Parlement des Religions de Chicago, malgré les fols espoirs qu’il a fait naître, n ’a pas eu de lendemain, et lé congrès de l’Huma- nité de 1900 n’a laissé qu’un vague et fugitif souvenir de son lamen­ table échec? Pourquoi cet avortement ? Il serait trop lon g de l’expli­ quer. J’ai dit, dans mon dernier compte rendu, à propos du livre de R . Steiner, traduit par M. Schuré, que l’unité humaine ne pouvait se faire que dans et par la science. Qui a rapproché et qui rapproche de plus en plus les hommes depuis un siècle ? C ’est la science. Si les modernistes et les protestants libéraux sont aujourd’hui sur le point dé s ’entendre complètement, c ’est à la science qu’ ils le doi­ vent. C ’est encore la science que M. Revel prend pour point d’appui dans la plup art de ses démonstrations. Cette réserve faite, il m ’est agréable de reconnaître que M. Revel a écrit un livre très intéressant et très documenté et que son explica­ tion de l ’Apocalypse est particulièrement remarquable. A l’inverse du livre de M. Rudolf Steiner, qui est, par certains côtés, plus profond peut-être, mais qui, par d ’autres, présente quel­ que chose d ’étriqué et de restrictif, celui de M. Revel est dans la grande tradition française : il est à la fois largement libéral et hau­ tement hum ain. I J’ ai beaucoup de respect pour la science et j ’ai une grande admira­ tion pour certains savants actuels. J ’ai même, comme je viens de le faire voir, une idée très haute de son rôle présent et surtout de son rôle futur; mais je ne puis m ’empêcher de faire observer combien les savants diffèrent d’avis sur les questions de magnétisme anim al et de spiri­ tisme. Us ne sont pas d ’accord sur le nombre de faits à admettre ; ils le sont encore moins sur l ’explication qu ’il convient d’en donner. M. Pierre Janet a une théorie et M. Grasset en a une autre, M. Ch. Richet, M. Boirac et M. Maxwell, étant plus larges, sont suspects. Qui a raison ? Je ne sais. Ce qui importe le plus, pour le moment, ce n ’est pas d ’expliquer les faits, mais de prouver q u ’ils sont certains, observables, propres, irréductibles et indestructibles. Pour faire cette preuve, on ne sau­