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REVUE DE LA QUINZAINE 3a3 Quoique M. Oltramare n’aitpas eu pour but spécial de nous expo­ ser les systèmes Védanta, Sankhya et Yoga, son étude complète d ’ une manière heureuse le peu de travaux que nous possédons en France sur les Ecoles brahmaniques et qui se réduisent à peu près auxEssais sur la Philosophie des Hindous de Golebrooke, traduits par P au - thier, à YIntroduction à la philosophie Védanta de M ax Müller, et à quelques analyses de Barthélémy Saint-Hilaire. Son ouvrage présente une lacune importante. U est muet sur les théories thèosophiques concernant la form ation , le développement et l’évolution de l ’univers, des mondes et de la terre d’ une part, de l’homme et des races humaines d’autre part. Ces théories sont cepen­ dant issues de l ’Inde et elles constituent une importante partie de la Doctrine secrète de MmB Blavatsky. Il est vrai que M. Oltramare voit, dans la théosophie, surtout une méthode (intuitive ou illumi- native), une révélation des lois occultes de la vie et de la nature et une puissance, celle de disposer à son gré des forces inconnues. Il se peut aussi qu’il se soit réservé d’en parler dans son second, volume. M. L . Elevel, dans son livre Vers la Fraternité des Reli­ gions par l’Unité de la Pensée ésotérique, dont je dirai quelques mots tout à l’heure, — M . L . Revel fait remarquer que, contrairement à l’opinion de M. Oltramare, les idées thèosophiques n ’ont pas évolué depuis les Vèdas, mais ont été désoccultées progres­ sivement. J ’incline à croire qu’ils ont l’ un et l’autre raison. Il y a certes désoccultation, mais aussi évolution, car il n ’y a pas d’exemple que les idées ne se transforment pas dans le cours des âges. Les idées thèosophiques, en passant de l ’Inde en Europe et en A mérique, se sont modifiées forcément au contact de la pensée occiden tale. Quoi qu ’il en soit, le travail de M. Oltramare doit être excellent, puisque M. Revel s ’est contenté de le résumer, pour en faire son exposé de l’ésotérisme dans le brahmanisme. Ce dernier s’est proposé de démontrer l ’existence, dans tous les grands systèmes religieux, des trois éléments caractéristiques de la théosophie (méthode, révélation, pouvoirs surhumains) que M. Oltra­ mare a dégagés des écrits brahmaniques. Il a fait voir, en effet* que, quels que soient les temps et les lieux, les mythes dont elle se voile et les langues par lesquelles elle s’exprime, — la pensée ésoté­ rique est une par l ’esprit, quoique diverse par la forme. A ussi s ’ap- puie-t*ii sur cette unité de principes religieux, pour appeler les religions à la fraternité. Le but que poursuit M. Revel est, certes, haut et noble entre tous, mais je crains qu’il ne s’abuse s’il le croit réalisable. L ’unité des sociétés initiatiques n ’est pas encore faite, m algré qu’elles soient d’accord sur les principaux points de leurs enseignements ;