Page:Mercure de France, t. 76, n° 274, 16 novembre 1908.djvu/134

Cette page n’a pas encore été corrigée

320 MERCVRE DE FRANCE— 16-X1-1908 l’Afrique du Nord. Au cours d’une séance présidée par M. Jon- nart, gouverneur général de l’Algérie, M. René Millet, ancien rési­ dent général de France en Tunisie, a traité la question suivante : « l ’Islam est-il incompatible avec la civilisation moderne ? » Le conférencier a conclu que l’ Islam tendra de plus en plus à distinguer le domaine religieu x du domaine de la politique. Les deux pouvoirs, spirituel et temporel, si longtemps confondus dans la conception mu­ sulmane, cherchent à se séparer : la révolution de Constantinople n’ a pas d’autre sens. « L a tendance, dit M. Millet, est encore plus mar­ quée dans les colonies françaises. Les jeunes musulmans qui vien­ nent à nous disent qu’ils acceptent les contingences politiques. Il en sera de la religion musulmane comme des autres religions__Cette distinction des deux domaines est la condition même de l ’évolution de l’Islam_ » Tout cela ce sont des mots et de la mauvaise métaphysique, aussi mauvaise que celle de la note diplomatique demandant à Moulaï-Hafid de renoncer à jam ais à la guerre sainte. De l ’optimisme, toujours! Ce même congrès s ’est préoccupé de la question de la conscription à appliquer à nos sujets d’Algérie. Après une discussion des plus inté­ ressantes, encore q u’assez confuse, le congrès, tout en reconnaissant avec M. Messimy, qui avait été appelé à développer lui-même sa thèse, l ’ utilité, en raison de la dépopulation croissante de la France, de recourir à la collaboration militaire des Arabes, a émis divers vœux, dont l ’ un, proposé par le comte de Castries, représente une solution raisonnable : « Considérant qu’il est rationnel et désirable de chercher à utiliser plus largement les ressources militaires que présentent les popula­ tions militaires de l ’Algérie; « Considérant, d ’autre part, que l ’établissement de la conscription eu Algérie, où depuis quatre-vingts ans les indigènes ont toujours été exonérés du service militaire, pourrait être la cause d ’agitations pré­ judiciables à la sécurité de l ’Algérie et serait de nature à ébranler la confiance que l ’indigène doit avoir dans l ’équité de notre domi­ nation; « Emet le vœu que le système des engagements volontaires actuel­ lement appliqué en Algérie soit développé par ttous les encourage­ ments possibles de manière à fournir à notre armée nationale le com­ plément qui lui est nécessaire. » Il faut espérer que cette solution prévaudra et que sera évitée à l’Algérie l ’application de ce que le sénateur Humbert, dans un article du Journal, a fort justement appelé une loi de révolte. Enfin, le congrès de l ’Afrique du Nord ne pouvait aégliger l’importante ques­ tion du Maroc : le rapporteur de la question était M . André Tardieu. J’ai rendu com pte-ici de son important ouvrage sur la conférence