- ÉPILOGUES
m. desmaisons. — Alors, vous aussi, vous voulez aller « dans le ciel »?
m. delarue. — Pourquoi pas ?
m. desm. — En quoi serez-vous « dans le ciel », quand vous traverserez l’air à cinquante mètres de hauteur ?
m. delarue. — Mais il me semble…
m. desm. — Y serez-vous plus qu’au sommet de la Tour Eiffel ?
m. del. — Non sans doute comme hauteur, mais comme liberté, comme allègement, oui.
m. desm. — Je le veux bien. On ne conteste pas des sensations, surtout quand elles sont imaginaires, quand elles sont futures. Mais après ?
m. del. — Après, je ne sais pas. On volera. N’est-ce point quelque chose ?
m. desm. — Cela peut amuser une fois ; ensuite on s’y fera et cela semblera banal, ou énervant. Croyez-vous que M. Wright s’amuse beaucoup ?
m. del. — Cela ne doit pas être très drôle de tourner en rond autour d’un champ, mais quand il voudra s’élancer à travers les espaces, quelle ivresse !
m. desm. — Voyons, prenez-vous l’invention au point de vue pratique ou au point de vue théorique ?
m. del. — Je ne suis nullement mécanicien. Je me mets au seul point de vue pratique, et je me réjouis d’être bientôt affranchi de la terre et de ses bruyants et sales moyens de locomotion.
m. desm. — Vous êtes plaisant.
m. del. — Et pourquoi donc ? Vous devez être de ceux qui ont nié l’avenir de l’automobilisme.
m. desm. — Certes, et qui le nient encore.
m. del. — Vraiment, c’est trop fort !
m. desm. — Mon cher, considéré comme un auxiliaire du chemin de fer, l’automobile est un petit progrès, qui n’est point, dans tous les cas, sans valeur. Considéré en soi, c’est un recul. La grande