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y mettent les deux partis ! comme l’ironie & le sarcasme se croisent ! Et lorsque l’on viendra taxer nos productions avec mépris, qu’on nous accusera d’avoir mal lu, mal médité, mal écrit, il faudra garder le sang-froid que tout le monde perd dans les plus légeres discussions ! N’est-ce pas aussi trop exiger de ceux que l’on reconnoît généralement pour avoir un plus haut degré de sensibilité que les autres hommes ?

Mais en condamnant les débats des gens de lettres, le public fait l’hypocrite ; il y trouve trop bien son compte, il devient spectateur d’une guerre ridicule, qui l’amuse fort. Le public en gros est malin, indolent, a l’esprit très-avide de satyres : dispositions favorables pour écouter tous les sarcasmes que doivent s’envoyer réciproquement les combattans. Le public ne donne-t-il point la palme au plus rude jouteur, à celui qui lance avec le plus d’adresse & de véhémence les traits les plus prompts & les mieux acérés ? Ne dit-on pas, la Harpe a bien