Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/111

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 109 )

de celui des autres ; c’est de ne pas faire attention à la réflexion lente de tel homme modeste & simple, qui n’ayant pas la langue agile & souple, a tardé quelquefois à donner son apperçu ; c’est encore de n’être pas assez indulgens, & de placer le mérite unique dans la facture d’un livre ; c’est enfin de ne pas savoir écouter : mais l’homme qui écoute à Paris est un être très-rare.

C’est par les gens de lettres que l’esprit de la capitale est devenu diamétralement opposé à l’esprit de la cour : le premier cherchant à rétablir les droits de l’homme, ne veut plus laisser qu’un foible empire à l’opinion des grands, qui jadis humilioient le peuple en tous sens ; les gens de lettres font aujourd’hui tous leurs efforts pour rabaisser la vanité des titres à son néant réel, & pour élever à leur place les travaux utiles & recommandables de l’homme célebre en tout genre. Maîtres de l’opinion, ils en sont une arme offensive & défensive. Aussi la guerre la plus vive est-elle déclarée entre les gens