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loix de la patrie. Chacun est obligé de les écrire de sa main[1], & nous faisons tous serment de les accomplir. Ces loix nous ordonnent de déclarer à la Justice tout ce qui peut l’éclairer sur les infractions qui troublent l’ordre de la société, & ces loix ne poursuivent que ce qui lui porte un dommage réel. Nous renouvellons ces sermens sacrés tous les dix ans ; & sans être délateurs, chacun de nous veille à la garde du dépôt respectable des loix.

Hier on a lancé le monitoire, qui est un acte purement civil. Quiconque tarderoit à déclarer ce qu’il a vu, se couvriroit d’une tache infamante. C’est par cette voie que l’homicide s’est tout-à-coup découvert. Il n’y a que le scélérat familiarisé dès longtems avec le crime, qui puisse nier de sang froid l’attentat qu’il vient de commettre ; & ces sortes de monstres dont notre nation est pur-

  1. C’est une chose inconcevable que nos loix les plus importantes, tant civiles que criminelles, soient ignorées de la plus grande partie de la nation. Il seroit si facile de leur imprimer un caractère de majesté : mais elles n’éclatent que pour foudroyer, & jamais pour porter le citoyen à la vertu. Le code sacré des loix est écrit en langage sec & barbare, & dort dans la poussiere du greffe. Seroit-il mal-à-propos de le revêtir des charmes de l’éloquence & de le rendre ainsi précieux à la multitude ?