Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.
31
QUATRE CENT QUARANTE.

jets nouveaux. Mais qu’apperçois-je ! ô Ciel ! Quel coup d’œil ! Je me trouve sur les bords de la Seine. Ma vue enchantée se promène, s’étend sur les plus beaux monumens. Le Louvre est achevé ! L’espace qui règne entre le château des Thuileries & le Louvre donne une place immense où se célèbrent les fêtes publiques. Une galerie nouvelle répond à l’ancienne, où l’on admiroit encore la main de Perrault. Ces deux augustes monumens ainsi réunis formoient le plus magnifique palais qui fut dans l’univers. Tous les artistes distingués habitoient ce palais. C’étoit là le plus digne cortège de la majesté souveraine. Elle ne s’enorgueillissoit que des arts qui faisoient la gloire & le bonheur de l’Empire. Je vis une superbe place de ville qui pouvoit contenir la foule des citoyens. Un temple lui faisoit face ; ce temple étoit celui de la Justice. L’architecture de ses murailles répondoit à la dignité de son objet.

Est-ce bien là le Pont-Neuf, m’écriai-je ? Comme il est décoré ! — Qu’appellez-vous le Pont-Neuf ? Nous lui avons donné un autre nom. Nous en avons changé beaucoup d’autres pour leur en substituer de plus significatifs ou de plus convenables ; car rien n’influe plus sur l’esprit du peuple que lorsque les choses ont leurs termes propres & réels. Voila le pont de Henri IV, entendez-vous ? Formant la communication des deux