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van, de Dupaty, de Le Tourneur, & les entretiens de Phocion. Je reconnus les ouvrages nombreux & philosophiques que le siecle de Louis XV avoit produits[1]. On avoit refait l’Encyclopédie sur un plan plus heureux. Au lieu de ce misérable goût de réduire tout en dictionnaire, c’est-à-dire, de hacher la science par morceaux, on avoit présenté chaque art en entier. On embrassoit d’un coup d’œil leurs différentes parties : c’étoient des tableaux vastes et précis qui se succédoient avec ordre ; ils étoient liés entre eux par le fil d’une méthode intéressant & simple. Tout ce qu’on avoit écrit contre la religion chrétienne avoit été brûlé comme livres devenus absolument inutiles.

Je demandai les historiens, & le bibliothécaire me dit : ce sont en partie nos peintres qui se sont chargés de cet emploi. Les faits ont une certitude physique, qui est du ressort de leur pinceau. Qu’est-ce que l’histoire ? Ce n’est au fond que la science des faits. Les réflexions, les raisonnemens sont de l’historien & non de la chose même ;

    l’éloquence n’est point décédée : elle parle, elle tonne encore quelquefois ; & si elle ne peut rallumer en nous les sentimens vertueux, du moins elle nous confond & nous fait rougir.

  1. La philosophie qui s’occupe de la nature de l’homme, de la politique & des mœurs, s’empresse à répandre des lumieres utiles ; ses détracteurs sont des sots, ou de mauvais citoyens.