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jours & la prospérité de son Empire[1]. Ensuite l’Évêque s’est retiré à pied, avec toute l’humilité d’un vrai serviteur de Dieu.

Tous les beaux monumens antiques qu’on a fouillés dans le Tibre, où ils étoient ensevelis depuis tant d’années, viennent d’être placés dans les différens quartiers de Rome : on a sû les retirer sans élever dans l’air aucune exhalaison dangereuse.

L’Évêque de Rome s’occupe toujours à donner un code de morale raisonnée & touchante. Il publie le Catéchisme de la raison humaine. Il s’applique surtout à fournir un nouveau degré d’évidence aux vérités vrai-

    Religion légitime l’esclavage des malheureux qui arrachent des entrailles de la terre cet or dont Rome est la plus impudente idolâtre. Ô toi, ville aux sept montagnes ! Quel essaim de calamités est sorti de ton sein infernal ! Qu’es-tu ? Pourquoi influes-tu si puissamment sur ce globe infortuné ? Le malfaisant Arimane a-t-il son siège sous tes murailles ? Touchent-elles aux voûtes des enfers ? Es-tu la porte par où entre le malheur ? Quand sera-t-il brisé ce talisman fatal qui a perdu, il est vrai, de sa force, mais à qui il en reste encore assez pour nuire au monde ? Ô Rome, que je te hais ! Que du moins la mémoire de tes iniquités vive ! qu’elle fasse ton opprobre ! qu’elle ne s’efface jamais, & que tous les cœurs embrasés d’une juste haine ressentent la même horreur que j’ai pour ton nom !

  1. Le trône du despotisme s’appuie sur l’autel, qui ne le soutient que pour l’engloutir.