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De Petersbourg le…


Le plus beau de tous les titres est celui de législateur. Un souverain est presque un Dieu pour une nation lorsqu’il lui donne des loix sages & constantes. On répete encore avec transport le nom de l’auguste Catherine II ; on ne s’entretient plus de ses conquêtes & de ses triomphes ; on parle de ses loix. Son ambition fut de dissiper les ténebres de l’ignorance, de substituer à des coutumes barbares des loix dictées par l’humanité. Plus heureuse, plus grande que Pierre le Grand, parce qu’elle fut plus humaine, elle s’apliqua, malgré tant d’exemples contraires, à faire de son peuple un peuple heureux & florissant. Il le fut, malgré les orages publics & domestiques qui battirent son trône & l’ébranlerent. Son courage a sû raffermir une couronne que l’univers se plaisoit à voir sur son front. Il faut remonter dans l’antiquité la plus reculée, pour rencontrer un législateur qui ait eu autant de dignité & de profondeur. — Les fers qui chargeoient le laboureur ont été brisés, il a levé la tête & s’est vu avec joie au rang des hommes. L’artisan du luxe a cessé de voir sa profession plus lucrative & plus honorable. Le génie de l’humanité a dit à tout le nord :