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regarde une bonne conscience & une gloire sans tache comme le plus haut degré de félicité. Ce sont moins de grands talens du côté de l’esprit, des connoissances étendues, qui font le bien, que le désir sincère d’un cœur droit qui le chérit & qui aime à l’accomplir. Souvent le génie vanté d’un monarque, loin d’avancer le bonheur du royaume, se tourne contre la liberté du pays.

Nous avons concilié ce qui paroissoit presque impraticable à accorder, le bien de l’État avec le bien des particuliers. On prétendoit même que le bonheur public d’un État étoit nécessairement distinctif du bonheur de quelques-uns de ses membres. Nous n’avons point épousé cette politique barbare, fondée sur l’ignorance des véritables loix ou sur le mépris des hommes les plus pauvres & les plus utiles. Il étoit des loix abominables & cruelles, qui supposoient les hommes méchans : mais nous sommes très disposés à croire qu’ils ne le sont devenus que depuis l’institution de ces mêmes loix. Le despotisme a fatigué le cœur humain, & en l’irritant l’a desséché & corrompu.

Notre roi a tout le pouvoir & l’autorité nécessaires pour faire le bien, & les bras liés pour faire le mal. On lui expose la nation sous un jour toujours favorable : on présente sa valeur, sa fidélité envers le prince, son horreur pour tout joug étranger.

Il est des censeurs qui ont droit de chas-