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L’acoustique n’étoit pas moins miraculeuse. On avoit su imiter tous les sons articulés de la voix humaine, du cri des animaux, du chant varié des oiseaux : on faisoit jouer certains ressorts, & l’on se croyoit tout-à-coup transporté dans une forêt sauvage. On entendoit le rugissement des lions, des tigres & des ours, qui sembloient se dévorer entre eux. L’oreille étoit déchirée, on eut dit que l’écho, plus formidable encore, répétoit au loin ces sons discordans & barbares. Mais voici que le chant des rossignols succédoit à ces tons discordans. Sous leurs gosiers harmonieux, chaque particule d’air devenoit mélodieuse ; l’oreille saisissoit jusqu’aux frémissemens de leurs aîles amoureuses, & ces sons flattés & doux que le gosier de l’homme n’a jamais pu imiter qu’imparfaitement. À l’ivresse du plaisir se joignoit la douce surprise : & la volupté qui naissoit de ce mélange heureux descendoit dans tous les cœurs.

    prit & sur lesquelles les hommes de génie sont aussi ignorans que les sots, & l’on pourroit répondre en un seul mot à toutes ces questions physiques, morales & métaphysiques : mais ce mot est celui du profond logogryphe qui nous environne. Je ne désespere pas qu’on le trouve un jour ; j’attends tout de l’esprit humain quand il unira, quand il regardera son intelligence comme devant pénétrer ce qui est, & soumettre ce qu’il touche.