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possibilité des plus étonnantes découvertes, nous n’avons point tardé à les faire.

Nous n’avons rien remis au hazard, c’est un vieux mot dépourvu de sens, & entiérement banni de notre langue. Le hazard n’est que le synonyme d’ignorance. Le travail, la sagacité, la patience, voilà les instrumens qui forcent la nature à découvrir ses trésors les plus cachés. L’homme a sû tirer tout le parti possible des dons qu’il a reçus. En appercevant le point où il pouvoit monter, il a mis sa gloire à s’élancer dans la carriere infinie qui lui étoit ouverte. La vie d’un seul homme est, disoit-on, trop bornée. Eh bien ! qu’avons-nous fait ? Nous avons réuni les forces de chaque individu. Elles ont eu un empire prodigieux. L’un acheve ce que l’autre a commencé. La chaîne n’est jamais interrompue ; chaque anneau s’unit fortement à l’anneau voisin : c’est

    ces vaines paroles. Les Mémoires de l’académie des Sciences présentent une multitude de faits ; on y rencontre des observations étonnantes ; mais toutes ces observations ressemblent à l’histoire de ces peuples inconnus où un seul homme s’est trouvé & chez lesquels personne ne sauroit aborder de nouveau. Il faut croire le voyageur & le physicien ; il faut les croire même s’ils se sont trompés : on ne peut tirer aucune utilité de leurs discours, vu la distance des lieux & la difficulté d’appliquer leur récit à quelque objet réel.