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trouve un abri commode, il croit, s’élève, forme un arbre, dont le feuillage épais devient à la fois un ornement & un asyle.

Si plus éclairés sur la véritable grandeur, nous méprisons le faste & l’ostentation des puissances, si nous avons tourné nos regards vers des objets dignes de la recherche des hommes, c’est aux lettres que nous en sommes redevables[1]. Nos écrivains ont encore surpassé les vôtres en courage. Si quelque prince s’écartoit des loix, ils feroient revivre ce tribunal fameux à la Chine, ils graveroient son nom sur l’airain terrible où sa honte vivroit éternellement ; l’histoire est entre leurs mains l’écueil de la fausse gloire, l’arrêt porté contre les illustres criminels, le creuset où le héros disparoît s’il n’a pas été homme.

Eh ! que les maîtres du monde, qui se plaignent que tout ce qui les approche ressent la

  1. On peut avancer avec une espèce de certitude, que les lumières faisant chaque jour de nouveaux progrès, descendant par degré dans presque tous les états, anéantiront d’une manière sûre cette foule bizarre de loix, & y substitueront des usages plus naturels, plus sensés. La raison publique aura une volonté puissante & sage qui changera la face des nations. Ce sera l’imprimerie qui rendra cet important service à l’humanité. Imprimons donc ! & que tout le monde lise, femmes, enfans, valets, &c. mais en même tems, n’imprimons que des choses vraies, utiles, & méditons bien avant d’écrire.