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une telle idée à un jeune homme qui, ayant perdu son pere, se le représente encore comme témoin de ses actions les plus secrettes. Il lui adresse la parole dans la solitude ; elle devient animée par cette présence auguste qui lui recommande la vertu, & s’il étoit tenté de faire le mal, il se diroit : mon pere me voit ! Mon pere m’entend !

Le jeune homme sèche ses larmes, parce que l’idée horrible du néant ne vient point attrister son ame ; il lui semble que les ombres de ses ancêtres l’attendent pour s’avancer ensemble vers le séjour éternel, & qu’ils ne retardent leur marche que pour l’accompagner. Et qui pourroit se refuser à l’espoir de l’immortalité ! quand ce seroit une illusion, ne devroit-elle pas nous être chère & sacrée[1] ?

  1. Je crois pouvoir joindre ici ce morceau, qui convient assez au chapitre & qui même le développe ; il est dans le goût d’Young, mais je l’ai composé en françois.