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tant de flambeaux qui ont servi à en allumer mille autres Les hommes, en doublant leurs connoissances, ont appris à s’aimer, à s’estimer entre eux. Les Anglois, comme nos plus proches voisins, sont devenus nos intimes alliés : deux peuples généreux ne se haïssent plus pour épouser follement l’inimitié particulière de leurs chefs. Nos lumières, nos arts, nous réunissons tout en commerce & dans un dégré également avantageux. Par exemple, les Angloises pleines de sensibilité, ont convenu parfaitement aux François qui ont un peu trop de légéreté ; & nos Françoises ont adouci merveilleusement l’humeur mélancolique des Anglois. Ainsi de ce mélange mutuel naît une source féconde de plaisirs, de commodités, d’idées neuves, heureusement reçues & adoptées. C’est l’imprimerie[1], qui en éclairant les hommes a amené cette grande révolution.

Je sautai de joie en embrassant celui qui

  1. Elle a un autre avantage : elle sera le plus redoutable frein du despotisme, parce qu’elle publiera ses moindres attentats, que rien ne sera caché, & qu’elle éternisera les sottises & jusqu’aux foiblesses des rois. Une seule injustice marquée peut retentir dans tous les coins de l’univers, & soulever toutes les ames libres & sensibles. L’ami de la vertu doit chérir cet art ; mais le méchant doit frémir en voyant la presse qui propagera au loin l’histoire de ses iniquités.