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de vérité mieux prouvée que cette vérité triste[1].

Je vis des gardes qui surveilloient à la sûreté publique, & qui empêchoient qu’on ne troublât les heures du repos. — Voilà la seule espèce de soldats dont nous ayons besoin, me dit mon guide ; nous n’avons plus une armée dévorante à entretenir en tems de paix. Ces dogues que nous nourrissions pour qu’ils s’élançassent à point nommé contre l’étranger, ont été sur le point de dévorer le fils de la maison. Mais le flambeau de la guerre enfin consumé est pour jamais éteint. Les souverains ont daigné écouter la voix du philosophe[2]. Enchaînés par le

  1. Toute ville où se trouve un grand nombre de courtisanes est une ville malheureuse. La jeunesse s’use ou périt dans une volupté basse ou criminelle ; & ces jeunes débauchés se marient, lorsqu’énervés & totalement éteints ils sont incapables de féconder l’épouse jeune & trompée qui languit auprès d’eux.

     Semblable à ces flambeaux, à ces lugubres feux
    Qui brûlent près des morts sans échauffer leur cendre.

    (Colardeau.)
  2. Charles XII est entre les mains d’un gouverneur sans capacité. Il monte sur le trône, il est dans cet âge où l’on ne sait que sentir, & où nos premières sensations nous paroissent des vérités immuables. Toute idée lui est bonne, parce qu’il ne