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mon frere, reprit-il avec enthousiasme, quelle image intéressante que tous ces soleils parcourus, que toutes ces ames s’enrichissant dans leur course où se rencontrent des millions de nouveautés, se perfectionnant sans cesse, devenant plus sublimes à mesure qu’elles s’approchent du Souverain Être, le connoissant plus parfaitement ; l’aimant d’un amour plus éclairé, se plongeant dans l’ocean de sa grandeur ! Ô homme, réjouis-toi ! tu ne peux marcher que de merveilles en merveilles : un spectacle toujours nouveau, toujours miraculeux t’attend ; tes espérances sont grandes ; tu parcouras le sein immense de la nature, jusqu’à ce que tu ailles te perdre dans le Dieu dont elle tire sa superbe origine. — Mais les méchans, m’écriai-je, qui ont péché contre la loi naturelle, qui ont fermé leur cœur au cri de la pitié, qui ont égorgé l’innocence, qui ont régné pour eux seuls, que deviendront-ils ? Sans aimer la haine & la vengeance, je bâtirois de mes mains un enfer pour y plonger certaines ames cruelles, qui ont fait bouillonner mon sang d’indignation à la vue des maux qu’elles ont fait tomber sur le foible & le juste. — ce n’est point à notre foiblesse subordonnée encore à tant de passions, à prononcer sur la maniere dont Dieu les punira ; mais il est certain que le méchant sentira le poids de sa justice. Loin de ses regards, tout être perfide, cruel, indifférent aux maux