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pensée est la foi d’un être intelligent. Pourquoi ramperions-nous vers le néant, tandis que nous nous sentons des aîles pour voler jusqu’à Dieu, & que rien ne contredit cette hardiesse généreuse ? S’il étoit possible que nous nous trompassions, l’homme auroit donc imaginé un ordre de choses plus beau que celui qui existe ; la puissance souveraine ne seroit donc limitée : j’ai presque dit sa bonté.

Nous croyons que toutes les ames sont égales par leur essence, différentes par leurs qualités. L’ame d’un homme & celle d’un animal, sont également immatérielles ; mais l’une a fait un pas de plus que l’autre vers la perfectibilité ; & voilà ce qui constitue son état actuel, mais qui toutefois peut changer.

Nous pensons ensuite que tous les astres & que toutes les planetes sont habités : mais que rien de ce que l’on voit, de ce qu’on sent dans l’un ne se trouve dans l’autre. Cette magnificence sans bornes, cette chaîne infinie de ces différens mondes, ce cercle radieux devoit entrer dans le vaste plan de la création. Eh, bien ! ces soleils, ces mondes si beaux, si grands, si divers, ils nous paroissent les habitations qui ont été toutes préparées à l’homme : elles se croisent, se correspondent, & sont toutes subordonnées l’une à l’autre. L’ame humaine monte dans tous ces mondes, comme