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daigne, soit que nous passions par une mort douce, soit par une mort douloureuse, daigne nous attirer vers toi, source éternelle du bonheur. Nos cœurs soupirent après ta présence. Qu’il tombe ce vêtement mortel, & que nous volions dans ton sein ! Ce que nous voyons de ta grandeur nous fait désirer d’en voir davantage. Tu as trop fait en faveur de l’homme, pour ne pas donner de l’audace à ses pensées : il n’éleve vers toi des vœux si ardens que parce que ta créature se sent née pour tes bienfaits. »

Mais, mon cher monsieur, lui dis-je, votre religion, si vous me permettez de vous le dire, est à peu près celle des anciens patriarches, qui adoroient Dieu en esprit & en vérité sur le sommet des montagnes. — Justement, vous avez trouvé le mot propre. Notre Religion est celle d’Enoch, d’Élie, d’Adam. C’est bien là du moins la plus ancienne. Il en est de la Religion comme de la loi ; la plus simple est la meilleure. Adorer Dieu, respecter son prochain, écouter cette conscience, ce juge qui toujours veille assis au dedans de nous, n’étouffer jamais cette voix céleste & secrette, tout le reste est imposture, fourberie, mensonge. Nos prêtres ne se disent point exclusivement inspirés de Dieu : ils se nomment nos égaux ; ils avouent qu’ils nagent, comme nous, dans les ténebres ; ils suivent le point lumineux que Dieu a daigné nous montrer ; ils l’indiquent à leurs freres