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combats pour les récompenser un jour. Ils cherchent l’indigence cachée sous le manteau de la honte, & lui donnent des secours sans la faire rougir. Ils réconcilient les esprits divisés, en leur portant des paroles de douceur & de paix. Les plus fiers ennemis s’embrassent en leur présence, & leurs cœurs attendris ne sont plus ulcerés. Enfin ils remplissent tous les devoirs d’hommes qui osent parler au nom du Maître Éternel.

— J’aime beaucoup ces ministres, repris-je : mais vous n’avez donc plus parmi vous de gens spécialement consacrés à réciter à toutes les heures du jour d’une voix nasale des cantiques, des pseaumes, des hymnes ? Aucun parmi vous n’aspire à la canonisation ? Qu’est-elle devenue ? Quels sont vos saints ? — Nos saints ! Vous voulez, sans doute, dénoter ceux qui prétendent à un plus haut degré de perfection, qui s’élèvent au-dessus de la foiblesse humaine : oui, nous avons de ces hommes célestes ; mais vous croyez bien qu’ils ne mènent pas une vie obscure & solitaire, qu’ils ne se font pas un mérite de jeûner, de psalmodier de mauvais latin, ou de demeurer muets & sots toute leur vie : c’est au grand jour qu’ils montrent la force, la constance de leurs ames. Apprenez qu’ils se chargent volontairement de tous les travaux pénibles ou qui dégoûtent le reste des hommes : ils pensent que les bons offices, les œuvres cha-