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plirent les devoirs de l’hymen avec une ferveur édifiante ; leurs chastes flancs enfantèrent des rejettons dignes d’un si beau lien. Leurs époux fortunés & non moins radieux, eurent moins d’empressement à solliciter la canonisation de quelques os vermoulus : ils se contentèrent tout uniment d’être bons pères, bons citoyens ; & je crois fermement qu’ils n’en allèrent pas moins en paradis après leur mort, sans avoir fait leur enfer pendant leur vie.

Il est vrai, qu’au tems de cette réforme cela parut un peu extraordinaire à l’évêque de Rome ; mais lui-même eut bientôt de si sérieuses affaires à démêler pour son propre compte… — Qu’appellez-vous l’évêque de Rome ? — C’est le pape, pour parler conformément à vos expressions ; mais, comme je vous l’ai dit, nous avons changé beaucoup

    plus de repos. Elle étoit née pour une heureuse fécondité : un lien éternel la captive & la condamne à être malheureuse & stérile. Elle découvre alors que la loi l’a trompée, que le joug qui détruit sa liberté n’est pas le joug d’un Dieu, que cette religion qui l’a engagée sans retour, est l’ennemi de la nature & de la raison. Mais que servent ses regrets & ses plaintes ? Ses pleurs, ses sanglots se perdent dans la nuit du silence. Le poison brûlant qui fermente dans ses veines, détruit la beauté, corrompt son sang, précipite ses pas vers le tombeau. Heureuse d’y descendre, elle ouvre elle-même le cercueil où elle doit goûter le sommeil de ses douleurs.