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Du bonheur de mon peuple emporter l’assurance.
Je meurs, je veux régner pour la dernière fois.
De mes sœurs à mon trône, on proclame les droits,
Je le sais ; mais enfin quelque loi qu’on m’oppose,
Mon sceptre m’appartient. Ce bien dont je dispose,
Après moi que l’on veuille ou non le disputer.
Je le laisse à qui peut dignement le porter.
Oui, c’est à la vertu que l’amitié le donne ;
À Jane de Suffoîk, je lègue ma couronne.
Elle est mon héritière et par mon libre choix. »
Nous avons fait serment de respecter vos lois ;
ici, nous le jurons à notre souveraine.
En fidèles sujets, saluez votre reine ;
Chevaliers, avec moi tombez à ses genoux.
(Ils tombent tous aux genoux de Jane.)

JANE.

Ah ! j’étais trop heureuse. Oh ciel ! relevez-vous.
Moi votre reine, oh ! non ; c’est quelque songe horrible
Offrant à mon esprit une image terrible.
Non, non, je ne suis pas votre reine. Pourquoi
Semblez-vous vous complaire à m’agiter d’effroi,
Vous qui jetez ainsi le trouble dans mon âme ?
Que vous ai-je donc fait ?

CECIL.

                                                Ah ! calmez-vous, madame ;
Croyez que ce n’est point un récit mensonger.

JANE.

Mon Dieu ! ferme l’abîme où l’on veut me plonger.
Par pitié, laissez-moi dans mon humble fortune :
La grandeur n’est, hélas ! qu’une charge importune ;
Je la paîrais du prix de ma tranquillité.
Laissez-moi, laissez-moi dans mon obscurité.
Le voilà dévoilé ce funeste mystère.
Quoi ! vous pensez qu’assise au trône d’Angleterre,