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Et je vais en goûter l’horrible jouissance !
Mais, de gardes suivie elle-même s’avance.
La douleur semble encore augmenter ses attraits !


Scène IV.

ALY, IBRAHIM, chef des juges, ZORAÏDE, INÈS, Juges, Gardes, Esclaves, un Héraut d’armes.
(Deux nègres, tenant chacun une torche allumée, vont se placer près du bûcher ; des Espagnols, profitant de la trêve qui expire le lendemain, se mêlent à la foule. Zoraïde est sur un char tendu de noir, Inès est assise à ses pieds. Les juges l’escortent. Le char doit être traîné par deux chevaux. Zoraïde et Inès descendent à l’entrée de la lice ; elles entrent, ainsi que tout le cortège qui les suit, par la porte de la barrière. Il y a un échafaud tendu de noir, destiné à asseoir Zoraïde pendant le combat ; elle est vêtue de blanc, sans aucun ornement ; elle tient un écrin à la main. Inès est vêtue de noir. Les juges se rangent autour de l’échafaud. Ibrahim est auprès de Zoraïde. Le peuple reste toujours au-delà de la barrière.
ZORAÏDE, tenant un écrin.

C’est donc ici !… Grand Dieu ! quels funestes apprêts !
Mon père, que de monde au trépas d’une femme !
Et pour la délivrer de ce supplice infâme,
Pas un seul défenseur osant armer son bras !

IBRAHIM.

Ô reine, vous tremblez !

ZORAÏDE.

                                            Non, je ne tremble pas.
Cet appareil de mort n’a rien qui m’épouvante.
Non, je ne tremble pas, non : je suis innocente !

(Elle s’arrête avant de poser le pied sur l’échafaud, et dit avec un accent douloureux.)

Quoi ! c’est un échafaud ! ciel ! m’y devais-je asseoir ?

(Elle s’assied et aperçoit Aly appuyé contre la lice.)

Le monstre, le voilà ! de quel horrible espoir,