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BOABDIL, froidement.

                  De fiers sujets menaçaient ma puissance ;
Des autres, par leur mort effrayant l’insolence,
J’allais rendre leur force à mes droits affaiblis ;
Tels furent tes conseils ; je les ai crus ; tiens, lis.

(Il lui donne le billet qu’il a à sa ceinture.)
ALY, lisant haut.

« De la foi des sermens, toi-même nous dégages,
Roi ! le fer meurtrier dont les funestes coups
          Ont frappé les Abencerrages,
À brisé pour jamais tout lien entre nous.
          Adieu, l’honneur qui nous anime
Loin d’un sol teint de sang va seul guider nos pas.
Mais en fuyant ces lieux, ton parjure et ton crime
Envers notre pays ne nous dégagent pas ;
Et les fils d’Alabez, les enfans d’Almorade,
Quittant pour les combats leur volontaire exil,
Se souviendront qu’ils sont citoyens de Grenade,
          Et non sujets de Boabdil. »

(Aly rend le billet à Boabdil.)
BOABDIL.

Hé bien ! que penses-tu ?

ALY, avec indifférence.

                                              Que, malgré leur absence,
Zoraïde a quelqu’un qui prendra sa défense.

BOABDIL.

Qui prendra sa défense ! Et qui donc ?

ALY.

                                                                      Son amant.

BOABDIL.

Abenhamet ?